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Nous utilisons à dessein le terme syncrétisme qui est un «système philosophique ou religieux qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines différentes». Notre étude prouvera que cette fusion de plusieurs langues a aussi à voir avec la religion et la culture. Consulter : PLUSIEURS AUTEURS, Dictionnaire encyclopédique pour la maîtrise de la langue française, la culture classique et contemporaine, Paris, Larousse, 1993, p. 1525.

 

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Les pobladores sont les habitants des bidonvilles (poblaciones) construits à la périphérie de Santiago. Quatre millions de personnes vivent sans abri au Chili, parmi lesquelles un million vivent entassées.

 

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«DIONISIA BRAVO Lorsque j'arrive à rêver je sens comme un bien-être; j'ai l'impression que/ la crasse de ces masures m'a quittée / Et queje respire pleinement, pleinement. Je souffre d'asthme, / Mais dans le sommeil il s'en va et je ne sens plus la saleté De la poussière. Vous voyez, le campement était tout entier / Couvert de drapeaux et il y avait des milliers de colombes qui volaient. Moi je / Lui demandais, là, à mon gamin, pourquoi il ne m'amenait pas / plutôt au centre ville, en boîte de nuit pour se pavaner, mais lui / il était très amer, vraiment très renfrogné, silencieux. / Alors moi je pénétrais dans la cabane de carton et de plastique et j'allumais le / Foyer, mais c'était moi qui commençais à / Me consumer et après je me trouvais dans l'air, comme / Les colombes, mais j'étais de la fumée. Dioni, m'appelait-il / A l'époque, et il me disait que j'étais très méchante car / J'emportais toujours ses affaires avec moi à la fête. C'est ça/ Qu'il me disait, et je le revoyais de plus en plus sévère, / En train de me regarder, le regard si coléreux/si noir que / Je me réveillais tellement j'avais peur; et parfois, mademoiselle, / Quand je ferme les yeux et queje m'endors parmi tous ceux / Qui s'entassent sous ces nippes, je me remets à / Le voir, mon gamin, tellement en colère et en pleurs.» «LA COLOMBIENNE Toute la nuit je rêve qu'ils pleurent et pleurent encore et que / Je ne peux pas les arrêter. Quand j'ai fait taire / l'un l'autre se remet à chialer et tout / recommence. Je crois que c'est de souffrance qu'ils pleurent / autant, même dans mon sommeil je les entends et c'est / pareil; ils dorment tous serrés et ils me tuent de / fatigue, ils ont faim, à mon avis, ou bien c'est que / les animaux doivent les manger. Moi aussi je passe / ma journée à pleurer, et dans mon sommeil /je sors de cette porcherie, je m'éloigne de / cette fourmilière de baraques et je m'en vais et je m'en vais / et j'arrive sur les collines, sur une colline très verte comme / un mirage. Mais là je sens encore leurs / pleurs et je repars en courant, je tombe, je me / brise tout entière sur les pierres et dans ma chair se plantent / Des épines. Lorsque j'arrive au campement il ne reste / Rien que des morceaux de papier et de carton qui / Volent comme s'il n'y avait plus personne. Ils sont / Morts, c'est ce que je pense; mes petits sont morts et c'est / Ma faute à moi. C'est ma faute à moi, dis-je en criant, c'est moi qui les / Ai tués, c'est moi qui les ai tués. Mais ils sont si gentils mes / Petits chéris qu'au milieu de mes cris l'un / S'approche de moi, entre ses petites mains il prend ma / Tête et il me dit: «Non, Lleja, nous n'avons jamais vécu / Ici», et avec un sourire, comme si c'était un / Petit ange, il appelle les autres et ils apparaissent devant moi». «JULIA MILLACURA Je crois aux rêves, mademoiselle. Je ne / Raconte à personne pourquoi on dit que ce sont des trucs d'indienne et ils se / Moquent. Mais nous nous prions tous les matins: / Je lis la Bible, l'Apocalypse, les Nombres et / Je suis là avec Dieu. Il demande à ceux qui croient en / Lui de s'agenouiller, n'importe où, là où ils / Se trouveront et c'est alors qu'il va entrer en contact avec eux. / C'est comme ça qu'on pense à Dieu, en marchant, en cuisinant, / En passant par là. Il faut toujours penser qu'il vit / Et que c'est pour ça que nous vivons. Alors on rêve; il / Offre un rêve comme une annonce car il est écrit / Que les anciens rêveront et que les jeunes auront des / Visions. Donc j'ai rêvé qu'on me faisait / Une prière en mapuche, c'est ça, c'était un petit vieux qui / Avait un habit de ce genre-là, caractéristique des vieillards, comme mon / Père, mais avec les cheveux comme de la neige et / Il me disait: «C'est comme ça que vous devez prier en mapuche», et / Après je rêvais de trutrukas; je rêvais qu'ils jouaient et / Le son était fort pendant que je priais pour lui, le son était très / Joli. Mon père allait toujours me voir comme ça en / Ville, dans mes rêves. Mais le dernier rêve que /j'ai fait a été plus intense, comme terrifiant, ils voulaient / l'enterrer vivant mais j'arrivais à le sortir de là et c'est à ce moment-là que /je me suis réveillée en me rappelant qu'il n'a pas de fleurs / et que déjà arrive le mois de novembre. C'est ça que me disait / le rêve, mademoiselle; il faut apporter des fleurs / au défunt car c'est ce que Dieu ordonne: / "Fleurs en novembre"» Ces traductions nous appartiennent et nous avons tâché de respecter l'aspect oral, familier de ces textes. Voir: ZURITA, Raúl, La Vida Nueva, Santiago du Chili, Editorial Universitaria, coll. «Fuera de Serie», 1993, pp. 20, 21, 22.

 

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Selon le recensement de 2002, le nombre de Mapuches au Chili avoisine les 604 349, et représentent 5% de la population totale; ils se situent essentiellement dans les vallées de la cordillère de la zone de Temuco, et occupent la région située entre Valdivia et le Sud du pays. Leur langue s'appelle le mapudungün.

 

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«Son destin est lié au destin de cette nation et avec elle aux dénominations par lesquelles nous nommons les choses, par lesquelles nous percevons un changement atmosphérique ou les labyrinthes infinis de l'eau d'un fleuve [...]. Cependant, héritiers aussi d'un tourbillon que l'on traîne depuis la Conquête, nous semblerions condamnés à voir en eux l'autre» (La traduction nous appartient). Voir: ZURITA, Raúl, «El ave de tu corazón», in LIENLAF, Leonel, 5e ha despertado el ave de mi corazón, Santiago du Chili, Editorial Universitaria, 1989, p. 15.

 

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«Le peuple mapuche, dans sa cosmovision, dans son langage et sa conception de la terre et de la nature, a tellement, tellement à nous apprendre» (La traduction nous appartient). Lire: OSSA, Carlos Joaquín, «La constante poética de Raúl Zurita. Hacer saltar las buena maneras», Santiago du Chili, Pluma y pincel, n° 46, 28 octobre au 3 novembre 1988, p. 18.

 

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«Ce travail est terminé et en sont ressortis dix rêves qui constituent le début d'un livre queje n'ai pas publié, et qui s'intitule La vida nueva. Il s'agit de dix rêves d'émigrants du bidonville "Silva Henríquez"» (La traduction nous appartient). Lire: EPPLE, Juan Armando, «Transcribir el río de los sueños (Entrevista a Raúl Zurita)», Revista iberoamericana, Pittsburgh, n° 168-169, «Literatura chilena del siglo XX», juillet-décembre 1994, p. 879.

 

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«Commence alors le récit des songes de nombreux "pobladores"; chaque poème porte le nom de la personne qui raconte ses visions oniriques, obtenant ainsi une voix par le biais de la voix lyrique» (La traduction nous appartient). Consulter: PELLEGRINI, Marcelo, «Poesía en / de transición: Raúl Zurita y La vida nueva », Revista chilena de Literatura, Santiago du Chili, Universidad de Chile, n° 59, novembre 2001, p. 58.

 

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«Je voulais que ce livre s'ouvre sur une certaine dimension collective [...]. L'histoire des "pobladores" fut une petite intuition de ce qui apparaît dans les rêves: la vision paysanne, même dans certains cas mapuche» (La traduction nous appartient). Lire: PINA, Juan Andrés, «Raúl Zurita: abrir los ojos, mirar hacia el cielo», Conversaciones con la poesía chilena, Santiago du Chili, Pehuén Editores, octobre 1990, p. 226.

 

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«Dans ces rêves il y a de nombreuses images de campagne, des souvenirs de leur enfance, des visions angoissantes, tout ceci en lien avec leur migration, avec les lieux d'où ils venaient. Parmi ceux-ci j'ai choisi neuf rêves, je les ai retranscrits et leur ai donné la parole, mais je n'ai pratiquement pas modifié le contenu, j'ai plutôt essayé de recréer par le biais de l'écrit une façon de parler» (La traduction nous appartient). Voir: PINA, Juan Andrés , «Raúl Zurita: abrir los ojos, mirar hacia el cielo», Conversaciones con la poesía chilena, Santiago du Chili, Pehuén Editores, octobre 1990, p. 226